Sous les projecteurs...

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Top 10 de l'année 2013

J’ai d’abord pensé qu’il serait plus facile que l’année dernière de produire mon palmarès des meilleurs films de l’année, mais encore une fois, je me suis heurtée à cette invariable course contre la montre qu’est le mois de décembre. Systématiquement, les grands studios se réservent ce mois pour certaines de leurs plus importantes sorties, certains attendant souvent le jour même de Noël pour dévoiler leur dernière offrande. Résultat : encore une fois, j’ai cette impression désagréable de produire ma liste sans être tout à fait à jour.

 

Fin de session aidant, il me semble que mon retard a débuté vers la mi-novembre. J’ai donc raté Dallas Buyers Club, le Démantèlement, Americain Hustle et j’en passe… Malgré tout, j’ai tout de même trouvé de quoi meubler je pense assez honnêtement ce top 10, qui retrace plutôt bien mes coups de cœur personnels.

 

Mentions honorables : Triptyque, The Place Beyond the Pines, Ernest et Célestine

 

10. Prisoners

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Ce qui s’annonçait presque comme un 7 jours du talion à la sauce américaine s’est finalement révélé être un mariage excessivement réussi entre l’approche personnelle d’un très talentueux réalisateur de chez nous et un style hollywoodien grand public. Le drame d’enquête est ici le prétexte idéal pour déployer une ambiance glauque bien fignolée et présenter au public des personnages peu aimables qui tentent de dépêtre une intrigue un brin complexe ne se devinant pas un coup d’avance. Sans tomber dans la caricature, Denis Villeneuve donne à sa première réalisation américaine une touche de subtilité avec un souci du détail qu’on ne retrouve pas souvent dans les productions de la grosse machine américaine. Grâce à sa collaboration avec Roger Deakins, qui assure la direction photo, Villeneuve donne une signature unique à son récit par l’utilisation d’images soigneusement construites qui donnent lieu à des séquences mémorables.

 

9. Parkland

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Un des assassinats les plus célèbres de l’histoire des États-Unis vu à travers la lentille d’un journaliste de métier désormais réalisateur, qu’est-ce que ça donne ? Un film axé sur les évènements, qui laisse peu de place à la réflexion et aux dialogues certes, mais qui permet de mesurer l’impact de cette illustre mort qui a eu l’effet d’une bombe dans le destin de certaines personnalités clés de l’entourage du président JFK et de son assassin Lee Harvey Oswald. Les théories du complot ayant été moult fois explorées, Parkland émerge du lot de productions ayant épuisé le même sujet par sa simplicité, ne s’attardant qu’à rapporter à un rythme effréné la bousculade d’événements qui ont suivi le drame, de la parade dans les rues de Dallas à l’enterrement d’Oswald. Construit comme un film choral, le véritable personnage central du récit est certainement l’assassinat en lui-même, les personnages ne servant qu’à traduire les événements selon leur point de vue en tant qu’acteurs de ce drame historique.

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8. Gabrielle

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Avec son enrobage musical peaufiné, Gabrielle se démarque par sa douceur et son authenticité. Bien que le film aborde des sujets plutôt délicats, il traite des enjeux de la quête d’émancipation d’une jeune handicapée mentale avec beaucoup de légèreté et de simplicité. Naturellement, le film, qui a bénéficié qu’un bel accueil médiatique ici, n’a pas volé sa belle réputation et a mérité amplement les louanges qu’il a reçues. Gabrielle, c’est aussi l’incursion cinématographique de Gabrielle Marion-Rivard dans le rôle-titre, qui, avec son naturel et son charisme, donne le ton à ce drame léger aux touchantes valeurs humaines.

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7. Zero Dark Thirty

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C’est le sujet passionnant de la plus grosse chasse à l’homme de l’ère moderne qu’explore Zero Dark Thirty, s’attardant sur la longue enquête de la CIA qui aura duré 10 années de recherche ponctuée d’embuches pour retrouver l’homme le plus recherché des États-Unis : Oussama Ben Laden. Plus précisément, on s’intéresse à l’entêtement quasi déraisonnable de la jeune agente Maya (excellente Jessica Chastain), qui, après avoir essuyé de nombreux attentats, fait preuve de détermination et d’intelligence pour arriver à coincer l’objet de son obsession. Porté par un rythme souvent lent qui progresse méthodiquement, ce grand drame nous conduit pas à pas vers une montée dramatique exacerbée par une finale au visuel époustouflant. Malheureusement, cette réalisation de Kathryn Bigelow est parfois pénible à regarder, notamment en raison des séances de tortures qui ouvrent le film auxquelles on s’attarde trop longtemps et qui ont d’ailleurs provoqué beaucoup de grogne du côté des Américains.

 

6. Frances Ha

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Le succès de Frances Ha repose presque entièrement sur le charisme indéniable de Greta Gerwig, interprète du rôle-titre et coscénariste de ce feel good movie. Donnant lieu à des répliques bien senties et à des moments savoureusement inusités, les déboires de cette jeune New Yorkaise complètement décalée sont le vent de fraîcheur du cinéma américain de 2013. Les dialogues aux allures d’improvisation, les situations ridicules dans lesquelles s’empêtre cette pauvre Frances et les personnalités singulières qui forment son entourage tracent le portrait d’une jeunesse nostalgique qui se refuse obstinément de vieillir. Entièrement en noir et blanc, Frances Ha est également un exercice d’esthétisme sacrément réussi où le réalisateur Noah Baumbach se soucie autant de son contenant que de son contenu.   

 

5. Gravity

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Réinventer le triller et le hui-clos, c’est ce que Gravity a fait en mélangeant ces genres avec la science-fiction. Bien sûr, il ne faut pas écouter ce film avec les lunettes du scientifique et évalue la plausibilité des péripéties qu’on y montre. Il faut plutôt envisager le film comme étant un exercice de style particulièrement maîtrisé où Alfonso Cuarón réussit à faire monter une tension qu’il maintient à son paroxysme pendant l’heure et demie de projection. Débutant avec le plan-séquence le plus impressionnant qu’il nous ait été donné de voir depuis le débarquement de Normandie de Saving Private Ryan, le film se veut une succession d’épreuves dont l’héroïne doit se dépêtrer pour retrouver la terre ferme après qu’une catastrophe ait détruit la Station spatiale internationale. Plus souvent qu’autrement, Cuarón met à profit une trame sonore insistante qui fait grimper la tension à tout coup. Véritable pionnier des effets spéciaux, Gravity servira certainement d’exemple concernant la maîtrise des effets visuels et de l’utilisation des nouvelles technologies que nous permet aujourd’hui le numérique.

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4. The Wolf of Wall Street

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Renouant avec un genre qu’on lui connaît bien, Martin Scorsese retrace avec style l’ascension fulgurante puis la chute douloureuse d’un jeune escroc de la finance, Jordan Belfort. The Wolf of Wall Street nous emmène donc, grâce à une réalisation on ne peut plus dynamique menée à un rythme d’enfer, à travers les frasques complètement extravagantes de Belfort et ses associés. Pour sa cinquième collaboration avec le réalisateur, Leonardo DiCaprio s’offre l’occasion de sa meilleure performance en carrière depuis son rôle dans The Aviator. Beaucoup de complicité l’unit à ses covedettes, notamment le désopilant Jonah Hill. Irrévérencieux, Scorsese laisse tomber le ton édulcoré qu’il avait adopté dans Hugo pour se laisser complètement aller dans l’univers d’excès et d’amoralité des magnats de la finance. Souvent comique, le ton léger de l’ensemble permet de s’immerger totalement dans la morale élastique de ces bandits à cravates souvent aussi arrogants que futés.

 

3. Jagten (La chasse)

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Dans un petit village danois où tout le monde se connaît, un homme se voit accusé d’abus sexuel par la toute jeune fille de son meilleur ami. Ainsi s’amorce une chasse, où toutes les âmes de cette communauté de chasseurs de gibiers se mettront à traquer l’homme accusé. Subtil mélange de sous-entendus et de non-dits, Jagten réussit à confondre totalement le spectateur, brouillant les pistes et inversant les rôles du persécuteur du persécuté. Porté par la vedette danoise Mads Mikkelsen, ce drame social permet de se questionner sur l’impuissance de la justice face au jugement social. C’est au cœur d’une tourmente qui n’en finit pas d’empirer que le film mène ses personnages vers une déshumanisation que le spectateur ne peut que constater, consterné.  

 

2. No

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On a vu quelques films sur le marketing politique ces dernières années, dont le mémorable Ides of March de George Clooney ou encore All the King's Men de Steven Zaillian. Cependant, aucun de ces films n’arrivait à nous exposer cet univers loin de la gouverne des Américains, et le contexte politique radicalement différent de la fin d’un règne dictatorial sud-américain avait de quoi nous offrir bien des surprises. Utilisant un style parfois plus proche du documentaire que du drame politique, le réalisateur Pablo Larraín mélange habilement les images d’époque à sa production baignée d’une esthétique d’image rappelant sans équivoque les années 80. No navigue entre les genres, passant successivement d’un ton sérieux à un style léger et optimiste, prouvant avec classe qu’une révolution peut se faire sans morts, avec la force des images et des idéaux. Sans aucun doute, cette production du Chili est un de ces films sur la propagande comme on en voit rarement.

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1. 12 Years a Slave

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Steve McQueen a fait de son style brutal et lent sa marque de commerce. Ses créations sont à tout coup des œuvres qui restent en tête longtemps après leur visionnement. Le propos excessivement dérangeant de cette histoire vraie est traité avec beaucoup de simplicité, laissant les images fortes parler d’elles-mêmes. D’une violence parfois insoutenable, 12 Years a Slave suit le parcours incroyable d’un homme plus fort que la cruauté à laquelle il est soumis, dont l’ingéniosité et l’intelligence lui permettra de conserver son humanité et de trouver la force de se libérer de sa condition de servitude.

 

S’unissant encore une fois à son acteur fétiche Michael Fassbender, McQueen s’entoure d’une distribution exceptionnelle pour faire revivre cet épisode honteux de l’histoire américaine. Au centre de ces talents, Chiwetel Ejiofor brille par sa retenue et sa puissance. Véritable révélation à l’écran, Lupita Nyong'o est poignante en cette jeune esclave martyrisée au bout du rouleau. Servit par la musique tantôt retenue tantôt grinçante d’Hans Zimmer, 12 Years a Slave s’est sans aisément offert la première place de ce palmarès grâce à la qualité de sa réalisation et la pertinence de son propos, offrant un produit on ne peut plus fignolé déconcertant d’efficacité.  

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31/12/2013
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