Sous les projecteurs...

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The Great Gatsby

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 The Great Gatsby

 

Baz Luhrmann est le réalisateur de la démesure par excellence. Peut-être est-ce en raison de cette trompeuse bande-annonce qui semblait annoncer un film plein de rebondissements scandaleux, mais toujours est-il que The Great Gatsby en a surpris plus d’un avec son rythme lent et son histoire figée.  Rien cependant pour dire que ce film est raté ! Avec le soin pour le détail qu’on lui connaît, Luhrmann plonge les spectateurs dans l’univers tissé de mensonges et d’illusions de F. Scott Fitzgerald pour dépeindre avec justesse ce récit d’amour à l’arrière-goût artificiel mais passionné.

 

Un jeune auteur en devenir, Nick Carraway (Tobey Maguire), emménage à Long Island à New York où il se liera d’amitié avec son étrange voisin, le richissime Jay Gatsby (Leonardo Di Caprio). C’est à travers son regard qu’on suivra les tentatives désespérées de cet excentrique millionnaire pour retrouver son amour d’avant-guerre, Daisy (Carey Mulligan) qui est désormais mariée au sanguin Tom (solide Joel Edgerton). Témoin des drames des autres, Nick se heurtera à leurs réalités fabriquées et au grand théâtre d’illusions qui s’orchestre autour de lui, pour finalement voir le visage réel des êtres qui l’entourent.

 

Avec comme base une histoire aussi « littéraire », il n’est pas étonnant qu’on reproche à The Great Gatsby d’avoir une trame narrative mince. En effet, le génie de Fitzgerald repose dans sa plume, et non dans son imagination débordante pour les revirements de situation. L’histoire est prévisible et simple, mais on ne peut certes pas en tenir Luhrmann pour responsable. D’ailleurs, l’introduction où tous rapportent des rumeurs et des racontars sur Gatsby et son passé obscur mène à la superbe scène d’entrée du personnage, sur fond de musique de Gershwin et de feux d’artifice.

 

On peut cependant reprocher à cette adaptation de trop s’investir dans des segments d’histoire dignes de peu d’intérêt, comme c’est le cas pour les scènes qui présentent un Nick en tête à tête avec un psychologue, prétexte trouvé pour l’amener à devenir narrateur de sa propre histoire. On aurait aussi certainement gagné à couper quelques scènes, ce film lent se perdant parfois dans des détours inutiles et une fin qui s’étire trop.

 

Les effets visuels sont peu subtils, et cette approche synthétique est une arme à double tranchant. Servant tantôt magnifiquement le propos du film qui s’articule autour de l’apparence, du matérialisme, du pouvoir et de la richesse, ces effets qui sonnent volontairement faux ne fonctionnent pas du tout lors des scènes sérieuses. Cependant, il aurait été impossible de s’attendre à autre chose de la part du réalisateur de Moulin Rouge!, qui a d’ailleurs fait de cette excessivité sa marque de commerce.

 

C’est bien connu, Baz Luhrmann adore mélanger les époques et il nous ressert avec son talent habituel un amalgame de musiques et d’anachronismes qui électrise cette ambiance survoltée. Les scènes de fête font mourir d’envie d’y être, et l’insouciance de cette période de prohibition oriente les comportements débauchés des personnages qui n’en font qu’à leur tête. Malheureusement, encore une fois, cette ambiance all over the top ne convient pas à toutes les scènes, et certaines séquences auraient gagnées à être plus sobres, sans cette agaçante musique d’ambiance qui ne se tait jamais.

 

The Great Gatsby, c’est avant tout la performance de Leonardo Di Caprio. Encore une fois, il réussit à façonner un personnage complexe, difficile à lire, qui change de masque comme il change de chemise (et il en a des tonnes). Sans en mettre trop, il incarne cet homme de démesure avec naturel et crédibilité. Face à lui, Carey Mulligan s’en tire bien avec le rôle difficile de Daisy. Effacée et influençable, sa Daisy est une femme fragile obsédée par le prestige qui n’arrive à prendre aucune décision par elle-même. Le complètement amorphe et placide Tobey Maguire est malheureusement le maillon faible de cette distribution, avec son expression impassible qui ne change jamais vraiment de toutes les 140 minutes de la projection.

 

Grosses attentes sont souvent synonymes de grosses déceptions, mais The Great Gatsby a su tenir ses promesses, pour peu qu’on soit resté réaliste quant à nos attentes de cette adaptation du classique de la littérature américaine. Ce film opulent reste très juste, même s’il déborde parfois sur la ligne du ridicule, notamment avec ces citations tirées de l’œuvre originale, qu’on écrit avec mauvais goût carrément à l’écran. Malgré tout, l’extravagance va bien à The Great Gatsby, et bien qu’un peu de sobriété l’aurait servi, ce film reste à l’image de cet amoureux transi qui n’aura jamais su où s’arrêter dans sa démesure.

 


Ma critique est également disponible sur le site le Quatre Trois



17/05/2013
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