Sous les projecteurs...

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Renoir

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 Renoir

 

Un film retraçant la fin de la vie d’un peintre suppose d’emblée qu’il soit assez contemplatif. Cependant, la ligne est mince entre un récit lent et une histoire qui se fige. Renoir navigue entre les deux, voletant entre de superbes images et des longueurs où l’histoire est laissée en suspend. Sans être incomplet, les scènes fortes se font toutefois rares et sont diluées par l’anticipation du spectateur à voir s’envoler le récit.

 

L’histoire se situe au crépuscule de la vie de l’illustre peintre impressionniste Auguste Renoir, en 1915, soit en plein cœur de la Première Guerre mondiale. Renoir (Michel Bouquet), alors physiquement très diminué, traverse une période d’effervescence artistique renouvelée par sa rencontre avec un nouveau modèle, Andrée (Christa Theret). Souffrant de graves rhumatismes qui lui déforment les mains et l’empêchent de marcher, il est entouré d’une foule d’employées qui prennent soin de lui, étant pour la plupart d’anciens modèles et/ou d’anciennes maîtresses. Le retour de son second fils Jean (Vincent Rottiers) à la maison familiale, le temps de sa convalescence due à une blessure de guerre, bousculera la routine installée, une attirance réciproque se développant peu à peu entre lui et la fougueuse Andrée.

 

Ce film aurait très bien pu s’intituler Renoirs avec un « s », car il relate quasiment autant la vie de Renoir fils que celle du père, le fils étant soit dit en passant devenu un célèbre réalisateur de cinéma. Ce sont d’ailleurs les liens père-fils qui intriguent le plus. L’étrange relation d’incompréhension d’un génie face à ses enfants dépourvus du même sens artistique que lui donne lieu à des scènes aussi navrantes qu’on les devine proches de la réalité. Cette déchirure des liens familiaux est cependant moins bien exploitée dans le cas de la relation du peintre avec son plus jeune fils Coco (Thomas Doret) que le récit met de côté sitôt son aîné revenu de la guerre.

 

Frustrant, ce n’est malheureusement pas le seul pan de l’histoire laissé en suspend dans Renoir, le scénario laissant également tomber les détails du passé d’Andrée alors qu’on y avait pourtant ouvert toute grande la porte. Même chose concernant les femmes et les maîtresses ayant partagé la vie de l’artiste, qu’on relaie souvent au simple rôle de figurante malgré leur passé intrigant.

 

Visuellement, Renoir est doux et ensoleillé, à l’image de ces magnifiques toiles dont le spectateur est témoin de la création. Les couleurs y sont chaudes et saturées, et les images sont empreintes d’une luminosité à faire rougir d’envie le maître impressionniste lui-même. C’est d’ailleurs ses qualités visuelles qui font de Renoir un film à voir, au sens propre du terme. Tout y est beau, et la douce ambiance d’été a tôt fait de nous faire regretter la belle saison, nous qui sommes prisonniers de cet hiver qui s’accroche.

 

Renoir n’est pas un film inoubliable, mais ses indéniables qualités en font une réalisation qui mérite notre attention. Malgré ses longueurs, on ne peut qu’être touché devant la souffrance d’un artiste vieillissant qui perd peu à peu l’usage de ses mains, lui qui n’a vécu qu’à travers elles toutes sa vie. Aussi intéressant pour ses segments retraçant la vie du maître peintre que la rencontre de Jean Renoir avec celle qui deviendra finalement sa muse, Renoir réussit à éveiller chez le spectateur respect et admiration devant un peintre exceptionnel incapable de s’arrêter de créer. Et qui continuera jusqu’à son dernier souffle.

 

 

 Ma critique est également disponible sur le site lQuatre trois



14/04/2013
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